Littératie en France : chiffres, enjeux et solutions

Lire, comprendre et utiliser l’information écrite : des compétences qui semblent aller de soi pour beaucoup mais posent pourtant de réels défis à de nombreux Français. Derrière ce constat se cache une réalité préoccupante : en France, 28 % des adultes ont des difficultés avec la lecture et l’écriture. Un chiffre en augmentation ces dernières années. Cette situation, révélée par l’enquête PIAAC (Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes) menée par l’OCDE et sortie fin 2024, a des répercussions directes sur l’accès aux droits, à l’emploi et à l’information. Parmi les solutions possibles, le langage clair peut jouer un rôle clé.

Qu’est-ce que la littératie ?

La littératie, c’est bien plus que le simple fait de savoir lire et écrire. Ce terme, encore peu connu du grand public, désigne notre capacité à comprendre et à utiliser l’information écrite dans notre vie de tous les jours. Prenons un exemple : quand vous déchiffrez la posologie d’un médicament, que vous remplissez un dossier administratif ou que vous lisez un article de presse, vous mettez en pratique vos compétences en littératie. C’est une habileté fondamentale qui nous permet de nous informer, de prendre des décisions éclairées et de participer pleinement à la vie en société.

Un constat inquiétant

28 % des adultes français ont du mal à comprendre un texte un peu complexe, soit une augmentation de 6 points par rapport à la précédent enquête menée en 2012. Ce chiffre signifie qu’ils éprouvent des difficultés à lire un contrat, à suivre une notice médicale ou encore à réaliser des démarches administratives en ligne. La dernière enquête PIAAC place la France 3 % sous la moyenne des pays de l’OCDE.

Une fracture sociale et générationnelle

L’étude PIAAC met en évidence d’importantes inégalités face à la littératie, selon l’âge, le niveau d’éducation et l’origine sociale :

• L’âge : près de la moitié (48 %) des 55-65 ans ont des difficultés à lire et à écrire, contre seulement 17 % des 16-24 ans.
• Le niveau de diplôme : 58 % des personnes sans diplôme ou ayant un niveau CAP/BEP sont en situation de faible littératie, contre 8 % des diplômés du supérieur.
• L’origine sociale et géographique : 60 % des personnes nées hors de France et dont la langue maternelle n’est pas le français sont en situation de faible littératie, contre 22 % des personnes nées en France.

Le numérique : un facteur aggravant

De plus en plus de services essentiels se dématérialisent. La littératie numérique est ainsi également un enjeu. L’enquête PIAAC montre que 45 % des 55-65 ans ont des difficultés à utiliser des outils numériques, et 32 % d’entre eux ont dû demander de l’aide pour manipuler une tablette lors de l’évaluation.

Le faible niveau en littératie numérique exclut une partie de la population des services publics en ligne, des offres d’emploi et même de l’accès à l’information du quotidien. Ce qui accentue les inégalités et freine l’inclusion sociale.

Comparaison internationale : la France en retard

Avec un score moyen de 255 points sur 500 en littératie, la France se situe 5 points en-dessous de la moyenne OCDE. Elle se trouve dans le même groupe que l’Autriche, Singapour et la Slovaquie, mais est largement devancée par des pays francophones comme le Canada (271 points) et la Suisse (266 points).

À noter que les cinq pays en tête du classement (que ce soit en littératie, numératie et résolution de problèmes) sont la Finlande, le Japon, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède.

Le langage clair : une solution concrète et efficace

Aujourd’hui, seuls 9 % des adultes maîtrisent parfaitement la compréhension de l’écrit et peuvent comprendre des textes complexes. D’où l’utilité de documents clairs et accessibles pour garantir à tous autonomie et participation active à la société.

Permettre au lecteur de trouver facilement ce qu’il cherche, comprendre ce qu’il trouve et bien utiliser l’information. C’est la définition du langage clair. Pour atteindre ces objectifs, il ne s’agit pas seulement de simplifier le vocabulaire et la syntaxe, mais aussi de structurer ses propos de manière logique pour le lecteur, de penser la forme de manière à faciliter la compréhension du fond… des règles de bon sens qui font d’ailleurs l’objet d’une norme ISO dont on peut suivre pas à pas les principes directeurs.

Agissons pour une information accessible à tous !

Les résultats de l’étude PIAAC sont un signal d’alarme : près d’un tiers des adultes en France sont en difficulté face à la lecture et à l’écriture. Pour remédier à cette situation, le langage clair devrait devenir une priorité en communication publique et dans tous les secteurs d’activité qui ont un fort impact sur la vie des gens : assurance, banque, énergie, santé…

On peut légitimement s’inquiéter du niveau de maîtrise de l’écrit par la population. Mais une fois ce constat fait, il s’agit d’agir en conséquence. Faciliter l’accès à une information claire et compréhensible permet à chacun de mieux s’orienter, de prendre des décisions en toute autonomie et de réduire les inégalités. La clarté n’est pas une option, c’est une nécessité.

 

Source de l’étude :

Do Adults Have the Skills They Need to Thrive in a Changing World?”, OCDE 2024